Analyse croisée : De Kpatcha Gnassingbé à Reckya Madougou !

 

 

 

 

 

Conformément à l’esprit de la Déclaration de Kampala en 1999 sur le droit des détenus à des soins adéquats de santé, il est opportun de rappeler que, quand une personne est privée de liberté, elle conserve ses droits fondamentaux en particulier ses droits à la santé. De plus, la population carcérale est une population vulnérable dont l’état de santé est fragilisé par la précarité qui précède l’incarcération. La mise en détention rompt les liens sociaux et favorise les troubles psychologiques.

 

 

 

 

 

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Retour aux deux prisonniers spéciaux du Togo et du Bénin

 
 
 
 

En seulement un peu plus de deux mois de prison, Reckya Madougou, grande amie du pouvoir togolais a vu sa santé se dégrader, soutiennent ses avocats qui demandent son  évacuation sanitaire dans les plus brefs délais.

 
 
 
 
 
 
 

Paradoxe, plus de 12 ans de détention, Kpatcha Gnassingbé, frère de Faure Gnassingbé, le Chef de l’Etat togolais, a vu sa santé plus que dégradée mais chose curieuse, le  pouvoir de Lomé lui refuse une évacuation sanitaire pour des soins appropriés.

 

Quelle ironie?

De sources sérieuses, le pouvoir togolais auquel Dame Reckya Madougou a rendu « d’énormes services » donnerait tout pour la sortir des griffes du Président Patrice Talon. D’autres sources dignes soutiennent que Lomé avait  affrété dans un passé récent, un avion médicalisé pour les soins de la maman de Reckya Madougou. C’est dire les liens forts qui lient le pouvoir togolais et l’ancienne ministre de la justice du Bénin.

 

Pourquoi cette politique de deux poids, deux mesures?

Quels services Reckya Madougou a rendu à Faure Gnassingbé que Kpatcha Gnassingbé ne lui a pas rendu? Lui qui, la nuit du 05 février 2005, a offert littéralement le pouvoir à son cher frère et qui règne sur le Togo depuis 16 années maintenant.

 

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Il y a des années que la santé du député de la Kozah, frère de Faure Gnassingbé a gravement périclité occasionnant une vive inquiétude dans son proche entourage qui a multiplié les demandes au secours sans succès.

 

 

 

 

 

 

Des photos qui attestent de la gravité de son état ont circulé et pourtant ses cris de détresse sont restés lettre morte de même que les multiples demandes de grâce présidentielle et les nombreuses démarches de conciliation pour que la famille présidentielle, avec en tête Faure Gnassingbé, règle le cas Kpatcha pour la cohésion de tous. Douze années se sont écoulées, mais silence radio. Aucun signe de compassion. Et pourtant des officines du palais de  Lomé confirment  la grande préoccupation du  numéro un togolais face à la situation de l’amie Reckya.

 

 

Quid du frère de sang?

Qu’est ce qui peut expliquer autant de rancœurs plus de 12 années durant malgré la conduite exemplaire du prisonnier personnel de la République en dépit des ragots tendant à le peindre comme un vindicatif qui voudrait se venger? Mais de quoi? Il nous revient de sources proches de l’administration pénitentiaire qu’au moment des mouvements d’humeur qui ont secoué la prison civile de Lomé où il est détenu, c’était Kpatcha Gnassingbé qui avait calmé les prisonniers pour éviter que la situation ne dégénère. Un vindicatif mettrait plutôt de l’huile sur le feu, espérant une situation de désordre.

Pourquoi alors  inventer des prétextes pour voir mourir en prison un frère? Pour quel motif et dans quel objectif? Alors même que le premier responsable du pays prône à chaque fois, du moins dans ses propos, la réconciliation.

 

 

 

La réconciliation suppose un cœur ouvert, un cœur qui écoute, un cœur qui pardonne et un cœur qui donne une nouvelle chance à chaque citoyen, surtout que Faure Gnassingbé lui-même n’est pas exempt d’actes graves. Sa venue au pouvoir a vu périr au moins 500 âmes sans oublier toutes les victimes dont ses 16 années au pouvoir ont jalonnées.

L’exemple illustratif de cette possibilité de pardon, de compassion nous vient de la Côte d’Ivoire. Contre toute attente pour ceux qui soutiennent que Alassane Ouattara a également la rancune tenace, le Chef de l’Etat ivoirien a surpris plus d’un le 07 avril 2021 en donnant le feu vert à Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé  de rentrer au bercail. « Quant à Laurent Gbagbo et à Charles Blé Goudé, ils sont libres de rentrer en Côte d’Ivoire quand ils le souhaitent. Les frais de voyage de Monsieur Laurent Gbagbo ainsi que ceux des membres de sa famille seront pris en charge par l’État de Côte d’Ivoire. Les dispositions seront également prises pour que Monsieur Laurent Gbagbo bénéficie, conformément aux textes en vigueur, des avantages et indemnités dus aux anciens présidents de la République de Côte d’Ivoire », a déclaré Alassane Ouattara.

 

 

 

 

 

Qu’est ce qui peut expliquer qu’on puisse préférer une amie à un frère? 

Pourquoi ne pas afficher les mêmes préoccupations pour l’un comme pour l’autre? Qu’est ce qui peut expliquer qu’on refuse des soins idoines à un prisonnier en violation des textes et traités internationaux ratifiés par le pays?

Reckya Madougou dont les conseils étaient toujours approuvés par le régime togolais aurait pu batailler aux côtés du plus « Faure »  pour obtenir liberté et clémence pour les prisonniers dont l’ancien ministre de la Défense, Kpatcha Gnassingbé.

Pourquoi quand ils sont dans les bonnes grâces des palais, les pseudos intellectuels africains deviennent une version pire que les fameux dirigeants, plongeant dans une souffrance indescriptible leurs semblables tout en se proclamant grands défenseurs des principes de vie et de droits?

 

 

 

Si  Reckya Madougou avait milité pour amoindrir les souffrances des condamnés de  l’univers carcéral, le peuple togolais ne demanderait pas à Patrice Talon de la laisser moisir en prison. Surtout qu’elle se présente comme une fervente démocrate. Un démocrate n’encourage pas les dirigeants dans la violation des droits des citoyens en général et des détenus en particuliers.

Le droit à la santé est inaliénable et les détenus peuvent poursuivre devant des juridictions compétentes les Etats qui violent ce droit qui peut leur coûter la vie à tout moment. La non assistance à personne en danger, voilà la situation de Kpatcha Gnassingbé 12 années durant.

Comme le sort peut faire répéter l’histoire pour nous ramener à plus d’humanité, le ministre béninois de la justice, Sévérin Quénum rejette cette doléance d’évacuation sanitaire pour madame Reckya Madougou tout en rassurant que ce dossier est traité avec humanisme et que la défense ferait mieux de se concentrer sur les questions de fond. La vie réserve bien de surprises.

 

 

 

Et pourtant ailleurs des évacuations sanitaires sont observées

On se rappelle qu’en 2013, l’ancien candidat et Premier Ministre du Niger Hama Hamadou,  est  arrêté, et incarcéré à la prison de Filingué. Malgré son emprisonnement et pour des raisons de santé, il  est autorisé à se rendre en France pour des soins appropriés. En mars 2020, il bénéficie d’une grâce présidentielle, alors qu’il purgeait sa peine  de 12 mois.

Au Togo, Kpatcha Gnassingbé fait plus de 12 ans de prison, les soins lui sont refusés malgré son état de santé assez inquiétant. Qui a intérêt à voir ce fils de Gnassingbé Eyadema mourir en prison alors même que c’est la famille qui est au pouvoir depuis le décès du Timonier national?

Ç’aurait été un nouveau régime qu’on parlerait de chasse aux sorcières, de règlements de comptes ou  de vengeance.

Si la dynastie ne fait aucun cadeau à ses propres enfants, quel sort pour les citoyens lambda? La preuve, ils sont des milliers  détenus pour leurs opinions politiques et autres délits bien souvent mineurs.

 

 

 

 

 

 

De plus, avec le contexte sanitaire alarmant, les libérations de prisonniers, une recommandation des Nations Unies, sont observées partout sauf le Togo qui rechigne à obtempérer et ne le fait qu’à minima et refuse de fermer la prison de Lomé comme recommandé par l’ONU.

A cet effet et toujours au Niger, à cause de la Covid, l’ancien Président Mahamadou Issoufou a accordé une grâce  à 1540 détenus ; c’est de cette mesure dont a bénéficié celui qui peut être  considéré comme le prisonnier numéro 1, Hama Hamadou. Mais au Togo, que nenni ! On a comme l’impression qu’à cause de Kpatcha Gnassingbé, les détenus ne seront presque jamais libérés.

Et pourtant les textes internationaux tiennent au droit aux soins de santé des détenus.   Reckya Madougou aurait fait un malaise dans sa cellule il y a quelques jours ; des malaises, Kpatcha Gnassingbé doit en connaitre des tonnes.

Tout détenu a droit à une évacuation sanitaire. Ce qui vaut pour la très chère amie du Togo vaut pour Kpatcha Gnassingbé et tous les autres.

 

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