Une violente attaque terroriste surprend dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 mai 2022 les forces de défense togolaises. C´était à Kpikpékandi dans la commune de Kondjoaré dans la préfecture de Kpendjal à la lisière de la frontière avec le Burkina-Faso. 8 de nos soldats sont tués pendant que 13 autres sont blessés. Nous apprenons à travers les réseaux sociaux que depuis mercredi 11 mai l´armée togolaise aurait entamé une vaste opération de sécurisation à la frontière avec le Burkina-Faso. Il est indiqué par ailleurs que plusieurs frappes auraient été menées par les forces de défense togolaises dans le village de Fawargou situé dans la région Est du Burkina-Faso pas très loin de Kpikpékandi. Ces frappes de l´armée togolaise aurait visé des hommes armés qui auraient pris position dans ce village. Mais pour le moment pas de détails sur le bilan desdites opérations.
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Quel citoyen de n´importe quel pays ne se réjouirait-il pas en lisant une telle information concernant la prompte réaction de son armée après cette lâche attaque qui endeuilla plusieurs familles? Le rôle de toute armée sur la planète n´est-il pas de s´équiper, de s´entraîner pour le jour “J” et d´être en mesure de défendre l´intégrité territoriale, voire la vie des populations? En jetant des fleurs à l´armée togolaise pour sa réaction en frappant les positions terroristes dont le bilan n´est pas encore établi, en même temps nous nous permettons de faire montre d´un peu de prudence pour rappeler que la guerre contre le terrorisme n´est pas une guerre comme les autres; pour combattre le terrorisme qui un ennemi invisible aucun état au monde n´a le droit de confondre vitesse et précipitation.Voici, pour corroborer notre réflexion,un extrait du quotidien burkinabè en ligne, “Aujourd´hui au Faso”: «…Il faut parer au plus pressé car il est évident qu’aucun pays (quels que soient les moyens déployés) ne parviendra à casser définitivement du terroriste. La menace se précise allègrement. Et seule l’union des forces pourrait apporter le salut tant espéré par les populations qui paient le lourd tribut de cette guerre sans visage qui endeuille et provoque désolation depuis plusieurs années.»
Abordant dans le même sens nous ouvrons une parenthèse pour démontrer comment il serait difficile pour tout pays, aussi développé ou aussi mieux équipé soit-il, de vaincre seul le terrorisme dans un conflit armé où l´ennemi d´en face est invisible, très mobile, peut prendre toutes les formes possibles et frapper où il veut quand il veut. Avec la guerre en Ukraine le débat sur la capacité de l´Allemagne, par exemple, de pouvoir se défendre seule en cas de guerre se fait de plus en plus insistant ici. L´Allemagne pourrait-elle se défendre seule en cas d´attaque d´un pays “x” sans les pays de l´OTAN ou sans les États-Unis d´Amérique? C´est la question qui n´est plus tabou et qui est régulièrement affichée à la Une de beaucoup de journaux ces derniers jours. Une agression armée contre le pays du chancelier Olaf Scholz serait une guerre “normale”, à laquelle nous sommes habitués, c´est-à-dire une guerre où l´ennemi a un visage et est visible. Donc même pour cette guerre classique il y aurait de forts doutes que l´Allemagne avec sa technologie, avec ses usines de fabrication d´armes sophistiquées, avec sa capacité à produire des engins de guerre de dernier cri, ne puisse pas gagner une guerre si elle était attaquée.
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Donc il n´y aurait pas de honte à se poser la question sur la capacité de notre pays le Togo à venir à bout seul et de façon efficace du terrorisme naissant sur notre territoire. Nous espérons que les autorités de fait du Togo sont assez renseignées sur le sujet pour privilégier la coopération avec les autres pays, surtout avec ceux-là qui ont une expérience dans la lutte contre le terrorisme. Car ici, il ne s´agit pas de faire montre d´une fausse fierté en montrant ses muscles de façon désordonnée. Le one-man-show serait une mauvaise option et conduirait à la catastrophe.
L´autre problème est la configuration même de l´armée togolaise qui est très loin d´être une armée comme les autres. En dehors des missions de maintien de la paix à travers le monde sous l´égide de l´ONU bien rémunérés, sur fond de corruption de certains officiers haut gradés et de népotisme, les forces de défense togolaises sont plus équipées, formées et entrainées pour la répression intérieure contre les populations civiles que pour mener une quelconque guerre pour la sauvegarde de l´intégrité territoriale. L´armée togolaise étant donc trop politisée, trop ethniquement partisane dans sa composition, certains observateurs craignent que, si on n´y prend garde, ce sont ces lourdeurs qui risqueraient d´handicaper la lutte contre ce nouvel ennemi qu´est le terrorisme. Personne ne nie ici la bravoure, le courage et la fierté de ces jeunes togolais qui se sont engagés sous le drapeau, prêts à sacrifier leur vie pour défendre leurs concitoyens. Et derrière la mort des 8 soldats togolais ce sont des drames familiaux qui se jouent avec veuves et enfants laissés à leur sort.
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En renouvelant nos condoléances aux familles éplorées, nous voudrions en même temps rappeler que la coopération population-armée, souhaitée par les autorités, ne doit pas être un slogan creux, mais le résultat d´un processus, d´un comportement. Il n´est plus un secret pour personne que l´apparition des corps habillés en public, si elle est source de fierté ailleurs, constitue au Togo la raison pour les populations d´avoir peur et de prendre la fuite. Si l´armée togolaise, qui exerce le plus noble des métiers, veut devenir une armée au service du peuple, c´est-à-dire une armée, comme il en existe dans les pays normaux, elle devrait refuser de se faire instrumentaliser pour la conservation du pouvoir politique par une minorité.
Pour nous résumer, le terrorisme constitue ce mal de notre temps que seul le renseignement, ajouté à une intelligente coopération avec les pays voisins également concernés, pourrait prendre de court à la racine. Quant aux autorités militaires togolaises, pour venir à bout de ce nouveau défi à elles lancées par cette intrusion terroriste à la frontière nord de notre pays avec mort d´hommes, rien ne servirait de courir sans méthodologie bien réfléchie. Il ne s´agira pas ici de menacer d´enfumer des écoliers en grève, d´emprisonner des opposants politiques, de faire arrêter des enseignants grévistes ou de les licencier carrément de la fonction publique. Il s´agira de mener le combat contre un ennemi invisible, et la tâche ne sera pas de tout repos comme avertit le quotidien burkinabè en ligne “Aujourd´hui au Faso”: «Le Togo pourrait vivre des moments très difficiles dans les mois à venir comme le sont déjà le Burkina Faso et le Mali.»
Samari Tchadjobo
Allemagne