Des documents confidentiels américains montrent que des banques continuent de traiter des milliards de dollars d’argent sale. Parmi celles-ci, des banques belges sont impliquées.
Après les Panama Papers et LuxLeaks, voici les FinCEN Files. Il s’agit de plus de 2.100 documents attestant de flux d’argent considérés comme suspects par l’organisme américain de lutte contre le blanchiment, le Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN). Cet organisme dispose d’une connaissance assez approfondie du phénomène, du fait que beaucoup de criminels essaient de convertir leur argent sale en dollars. Les documents concernent la période 2011-2017 et émanent pour la plupart des banques elles-mêmes.
Quelques 400 journalistes d’investigation, réunis au sein du consortium ICIJ et issus de 88 pays ont eu accès à ces documents qu’on appelle les «FinCEN Files». En Belgique, ce sont des journalistes du Soir, du Tijd et de Knack qui ont pu consulter ces documents qui ont transité par le site américain BuzzFeed News avant d’être partagés avec le consortium. Les montants suspects détectés par le FinCEN portent sur environ 2.000 milliards de dollars.
Dans bien des cas, les banques n’étaient pas au courant de l’identité des personnes qui se cachaient derrières ces transactions suspectes. La plupart s’appuient sur des sociétés écrans logées dans des paradis fiscaux qui pratiquent le secret bancaire.
Les plus grandes banques du monde sont impliquées dans ces affaires de blanchiment. On apprend ainsi que JP Morgan a fait transférer 50 millions de dollars pour le compte de Paul Manafort, l’ancien chef de campagne de Donald Trump condamné pour corruption et blanchiment. La banque américaine ne commente pas les informations qui concerne ses clients mais elle assure mettre tout en œuvre pour prévenir les pratiques de blanchiment.
Les 4 grandes banques belges
Parmi les 2.100 dossiers qui ont fuité par BuzzFeed News, 365 concernent la Belgique. Les quatre grandes banques belges (BNPP Fortis, KBC, Belfius et ING) sont citées dans des transactions qui vont de quelques milliers à plusieurs millions d’euros. Une transaction à partir d’un compte belge porte sur un demi-milliard de dollars.
En Belgique, les banques signalent les transactions qu’elles considèrent comme suspectes auprès de la Cetif, la cellule anti-blanchiment. Entre 2010 et 2019, 74.273 signalements ont été effectués. Sur cette même période, la Cetif a transmis 11.422 dossiers au parquet. Parmi ces dossiers, 6.600 sont toujours en cours d’investigation tandis que 4.000 ont été classés sans suite. Quant aux amendes et confiscations, elles s’élèvent à 300 millions d’euros. Une paille comparé aux milliards qui ont fait l’objet de transactions suspectes.