[CONFIDENTIEL] Brouille entre le Colonel Agadazi et les revendeuses de céréales !

 

 

 

 Le Togo fait face depuis plusieurs mois, à une crise alimentaire marquée par la flambée des prix des produits de première nécessité.

 

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Dans plusieurs marchés de Lomé, le bol de maïs est passé de 500 à 800 F CFA, le bol de haricot de 1 500 à 3 000 F CFA, et celui du Gari de 600 à 1 200 F CFA.

 

Outre ces produits céréaliers qui sont les plus consommés par les Togolais, les prix de l’huile, de la tomate, du poisson, du sucre, ont également doublé dans les boutiques et sur les marchés du pays.

 

Pour mieux comprendre la situation et ses causes, une équipe de l’Agence de presse AfreePress a fait une descente dans certains marchés de la capitale, Lomé.

 

Sur le terrain, les revendeuses expriment également leur ras-le-bol. Pour plusieurs d’entre elles, surtout celles qui commercialisent des produits céréaliers, c’est le Directeur de l’Agence Nationale de la Sécurité Alimentaire du Togo (ANSAT), Colonel Ouro-Koura Agadazi qui est à l’origine de cette crise alimentaire.

 

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« Agadazi a pratiqué une mauvaise concurrence. Il allait acheter les céréales dans les villages à un prix plus élevé que le nôtre. Au moment où nous nous achetons le bol de maïs à 350 F CFA ou à 400 F CFA, l’ANSAT de son côté l’achetait à 500 F CFA le Kg chez les cultivateurs. Ce qui fait qu’en ce moment, si nous allons dans les villages pour faire des achats, les paysans nous renvoient. Ils préfèrent vendre leurs produits à l’ANSAT. Donc quand Agadazi a achevé sa campagne d’achat, les paysans ont refusé de baisser les prix. Quand nous allons les voir, ils nous disent que nous trichons. Nous n’avons pas le choix, nous avons commencé par acheter le bol de maïs à 550 voire 600 F CFA (le bol est plus grand que le Kg) depuis la ferme. Imaginez combien on peut revendre ce bol si nous nous déplaçons jusqu’à Lomé », s’est interrogée Essévinon, revendeuse de maïs au marché d’Agoé-Assiyéyé.

 

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Concrètement, ces commerçantes accusent l’ANSAT d’avoir travaillé de façon unilatérale avec les paysans et de n’avoir pas bien mesuré les conséquences de sa démarche.

 

« Si Agadazi nous avait consultées, on aurait discuté du prix pour l’achat du maïs dans les champs. C’est parce que lui, il a l’argent de l’Etat qu’il est parti faire ce qu’il veut. Et voilà la situation a dégénéré. On met la pression sur nous dans les marchés pour qu’on diminue les prix. C’est incompréhensible. Nous ne sommes pas les producteurs. Agadazi lui, il a acheté le maïs à 500 F CFA avec l’argent de l’Etat, il peut revendre ça à 500 F CFA et il n’aura aucune dette. Mais, nous, nous achetons le maïs à 500 F CFA ou à 600 F CFA avec l’argent du FNFI qu’on doit rembourser et avec intérêt en plus. Donc, nous ne pouvons pas revendre ça à 500 F CFA comme on nous l’impose. On va s’endetter et on ne pourra pas rembourser notre prêt au FNFI. Bref, c’est le paysan qui fixe le prix des produits céréaliers et il fixe désormais le prix en fonction de la campagne de l’ANSAT. Alors que cette dernière en allant au village pour faire des achats, n’a pas mesuré les conséquences à venir surtout pour la population à Lomé », a déploré pour sa part, Maman Gisèle, rencontrée au marché d’Adidogomé-Assiyéyé.

 

D’autres vont loin accusant l’ANSAT de vouloir la disparition des revendeuses des produits céréaliers du Togo.

 

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« Normalement, pour les stocks de l’Etat, l’ANSAT devrait venir acheter le maïs chez nous au marché. Comme ça, chaque année, le gouvernement lui-même aura à fixer le prix des produits. Nous nous allons acheter dans les fermes et de notre retour, nous allons revendre ça à l’ANSAT. Si le cycle était comme ça, chacun en tirerait profit. Maintenant, l’ANSAT veut nous faire concurrence et nous faire disparaître. Mais elle ne pourra pas, au nom de Dieu », s’est emportée Madame Mawuli installée à Agoé-Assiyéyé.

 

L’augmentation des tarifs des transports et des frais de péages sont également des facteurs évoqués par ces revendeuses pour expliquer la flambée des prix des produits de première nécessité.

 

« De Notsè à Lomé, un sac de maïs est transporté à 2000 F CFA alors qu’auparavant, c’était à 1000 F CFA. Si tu te plains, les chauffeurs te parleront de coronavirus et de frais de péages. Il y a eu également la création de nouveaux péages sur certaines routes. Nous-mêmes, nous voyons ça. Le problème est que le pays se transforme et les choses deviennent chères », a fait savoir Mme Tèko, commerçante au marché de Gbonssimé.

 

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Du côté des cultivateurs, une panoplie de problèmes est citée pour expliquer leur changement d’attitude vis-à-vis des commerçantes. Ils évoquent l’augmentation du prix de l’engrais, des herbicides et de la main-d’œuvre qui se fait désormais rare, à cause de l’exode rural.

 

Face à ces problèmes, le gouvernement a donné son accord à l’ANSAT d’injecter ses stocks de sécurité sur le marché. Mais cette approche n’a pas encore fait des effets. Les prix n’ont pas réellement chuté sur le marché. Elle n’est pas l’idéal, avancent les revendeuses.

 

« Le gouvernement devrait sauver tout le monde dans cette situation. On privilégie l’ANSAT. Et nous ? Et le paysan togolais ? L’ANSAT a achevé sa campagne depuis longtemps. Le reste des céréales, c’est nous qui l’achetons chez les paysans et c’est grâce à nous que ces derniers pourront refaire leurs champs. On doit bien réfléchir avant de prendre ces décisions », a martelé Da Ablavi.

 

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Il faut rappeler que les craintes des revendeuses de céréales sont fondées puisque le gouvernement annonce une descente dans les marchés de Lomé afin de contraindre ces revendeurs à réduire leurs prix. Le gouvernement devrait aller par la voie du dialogue, recommandent ces revendeuses. « Qu’ils viennent et ensemble, on décidera de ce qu’il y a lieu de faire. De sorte que ni le consommateur, ni le commerçant ni le producteur ne soit lésé », préconise Da Ablavi.

 

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