Des paillettes à la toge, le surprenant parcours de la Miss Ichabatou

Elle a porté en 2018 et pour une année, la couronne de la plus belle fille de notre pays. Ce  sacre qui l’a fait découvrir aux Togolais, n’a pas pour autant détourné Ichabatou GnongboTchoro de ses objectifs de vie.

 

 

Malgré les strass et les paillettes, « Icha » comme aiment l’appeler ses proches, a poursuivi ses études pour décrocher l’année dernière, son Master en Droit de l’Entreprise obtenu au très réputé Institut Supérieur de Droit et d’Interprétariat (ISDI) de Lomé. Désormais inscrite en doctorat à l’Université d’Artois en France, celle pour qui soutenir les personnes vulnérables est un engagement de chaque instant, nous parle de ses ambitions dans cette interview exclusive.

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Vous avez été élue Miss Togo en 2018. Deux ans plus tard, vous vous êtes inscrite en doctorat à l’Université d’Artois en France après un Master en Droit de l’Entreprise obtenu à l’ISDI. Est-il aujourd’hui important d’allier beauté physique et rayonnement intellectuel ?

 

 

 

Merci de me permettre de m’exprimer dans vos colonnes. Pour moi, il s’agit d’une évidence que de tout faire pour que beauté physique et d’esprit convergent. J’ai compris très tôt qu’il ne suffit pas seulement d’être une femme belle, mais il faut également être vertueuse. Il ne s’agit pas d’être une femme jolie, il faut être aussi battante.

Toutes les femmes sont belles, dit-on souvent. L’un des critères permettant de faire la différence, selon moi, c’est l’intelligence. Et pour y arriver, il faut travailler, aimer la connaissance, la culture générale et être ouverte d’esprit. C’est ce qui motive mon parcours académique et ma participation à des concours d’envergure nationale et internationale. Et si je peux inspirer les filles togolaises par cette détermination à aller loin dans les études, alors ce sera une contribution utile à la société.

Votre parcours est véritablement inspirant. Pourquoi le choix de la filière droit que d’aucuns considèrent comme une formation difficile ou d’élite ?

 

 

 

Mon choix a d’abord été guidé par la série que j’ai faite au lycée : A4 (littéraire). Je me sentais mieux dans les lettres que dans les chiffres. Mais je constaterai que le droit n’est pas fait que des lettres, et ceux qui ont la fibre du raisonnement scientifique ont tendance à mieux le réussir. Ensuite, j’ai toujours voulu devenir avocate.

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Enfin, j’ai toujours aimé le style des juristes, surtout la qualité de leurs prises de parole. Je n’ai pas regretté le choix de la filière puisque j’ai compris plus tard qu’il s’agit d’une science et d’un art permettant de résoudre des problèmes sociaux. La manipulation de la règle de droit s’apprend et se maîtrise.

Vous avez effectué le Master à l’ISDI. Un parcours sanctionné par un mémoire soutenu avec succès devant un jury universitaire très relevé sur le thème «Fiducie-sûreté à l’épreuve des procédures collectives : étude comparée droit français droit OHADA». Que retenez-vous de votre parcours dans cet institut ?

 

 

 

Qu’il me soit permis de remercier au passage mon directeur de mémoire, Docteur EVELAMENOU K. Serges, Maître Assistant et enseignant chercheur à la Faculté de Droit de l’Université de Lomé, qui a accepté m’encadrer dans le cadre de ce travail de recherche. Pour répondre à votre question, l’ISDI a une devise : « The future is owers », c’est-à-dire le futur nous appartient. Durant tout mon parcours, ce qui m’a accroché, c’est que les premiers responsables de cet institut travaillent à la révélation de cette devise. Trois valeurs ont retenu mon attention.

D’abord le travail qui est cette vertu qui libère l’homme et que l’ISDI a su convoquer dans le quotidien de ses étudiants. Chaque fois que j’atterris à l’ISDI, je ressens que, du directeur général jusqu’aux étudiants en passant par les formateurs, tous travaillent pour le rayonnement de l’institut.

 

 

Ensuite la discipline, qui nous a permis de terminer le parcours et dans le temps. Ce que je redoutais, c’était le fait de commencer un parcours Master, mais de ne pas en voir la fin. L’ISDI a su me satisfaire sur ce plan. Nous avons pu finir notre formation dans les deux ans, sanctionnée par une soutenance dont l’organisation a été une réussite.

Ce qui me fait dire que cette valeur qu’est la discipline, peut aujourd’hui inspirer d’autres universités, tant nationales qu’internationales. C’est cette discipline qui attire les étudiants togolais vers certaines universités de la sous-région. Aujourd’hui, nous pouvons nous réjouir de ce que, le Togolais, n’a rien à envier aux universités sous régionales qui forment en droit, avec cette discipline que j’ai trouvée à l’ISDI.

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Enfin l’excellence, qui est une valeur partagée à l’ISDI. L’étudiant mérite la note qu’il a. Les étudiants excellents se révèlent à travers non seulement leurs relevés, mais aussi les initiatives de l’institut à travers les concours, les cadres d’expression de talents et les stages.

 

Aujourd’hui, l’ISDI est cité comme une école d’excellence de droit dans le pays et même dans la sous-région. Quelle appréciation faites-vous de l’encadrement et du cadre de travail qui sont proposés aux étudiants ?

L’ISDI a su profiter des forces et faiblesses de certains instituts et universités pour asseoir progressivement son rayonnement. En premier lieu, s’agissant des faiblesses, vous n’êtes pas sans savoir que dans les universités publiques du Togo, il y a un nombre pléthorique d’étudiants, ce qui rend difficile l’encadrement. L’ISDI a su profiter de cette situation par exemple pour créer un cadre propice aux étudiants et s’est proposé de rendre véritablement opérationnel et pratique le système d’encadrement et des travaux dirigés.

 

 

 

En second lieu, un autre atout que nous convoquons à l’actif de l’ISDI, c’est que l’institut a su aussi profiter des forces des universités publiques nationales, sous régionales et même internationales en ce sens que les grands professeurs, les grands formateurs qui interviennent pour la plupart dans ces universités, sont déployés pour la formation des étudiants à l’ISDI.

Dans quelle disposition d’esprit êtes-vous aujourd’hui avec cette nouvelle aventure doctorale qui s’offre à vous à l’Université d’Artois ?

C’est d’abord une joie pour moi d’avoir été acceptée, une joie parce que l’ISDI grâce à son partenariat avec l’Université d’Artois, a facilité les choses. Ce qui m’a permis de trouver un directeur de thèse qui est assez motivé pour travailler avec moi. Je profite de cette occasion pour lui réitérer mes sincères remerciements pour son appui et son assistance tout au long du processus de mon inscription.

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En même temps, c’est aussi un grand défi parce qu’il ne s’agit pas de s’inscrire et de se tourner les pouces. Il ne s’agit pas de s’inscrire pour durer dans le parcours doctoral. Il est question en réalité de s’inscrire afin de travailler d’arrachepied, de faire des recherches, de produire des articles chaque année et d’améliorer ma plume. Ce défi, je vais le relever avec le soutien de DIEU et grâce à ma volonté.

Un dernier message à la jeunesse et particulièrement à la jeune fille togolaise.

Je dirai à la jeunesse togolaise d’avoir toujours confiance en elle et au futur parce que le meilleur reste à venir ; de ne pas se décourager parce que l’on a échoué dans un domaine donné car l’échec même n’existe pas. L’échec est plutôt une opportunité pour engranger davantage d’expériences.

 

 

 

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Nous jeunes, nous ne devons pas voir les situations d’aujourd’hui et nous décourager. Bien au contraire, nous devons véritablement cultiver la vertu et la vaillance comme le dit notre hymne national. Nous devons méditer sur cet hymne, puiser de ses paroles, chercher à comprendre sa philosophie et manifester la vie que le compositeur veut et souhaite pour les fils et filles du pays afin que le Togo soit cet or de l’humanité qui sert de référence pour les autres pays de la sous-région et pourquoi pas pour les autres pays du monde. Je voudrais saisir cette opportunité pour adresser un message à la jeune fille togolaise.

 

 

Vous savez, j’ai toujours l’habitude de dire qu’une jeune femme ne doit pas compter sur sa beauté pour faire asseoir sa fortune, sinon cela sera comme une entreprise dont l’objet social est limité dans le temps.  Si nous nous sommes jeunes filles belles, charmantes, attirantes, ce n’est pas un facteur déterminant pour notre succès dans la vie !

Etre né d’une famille riche n’est pas non plus trop déterminant pour notre succès dans la vie ! D’une famille trop modeste, ce n’est pas une fatalité pour demeurer pessimiste ! Blessées ou brisées par les situations de la vie, ce n’est pas suffisant pour tirer une conclusion hâtive de notre échec dans la vie !

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Ce qui importe mes sœurs, et ce qui nous définit, c’est : « ce que nous sommes » ! Pas ce que nous avons, encore moins, la situation par laquelle nous traversons. Je voudrais inviter une sœur, « à être » avant d’avoir. Chercher à « être », nous permet de connaître notre identité et de viser l’essentiel de la vie, de définir ses valeurs, ses priorités et d’avoir une vision claire. C’est alors que la jeune fille connaît ses valeurs, se donne de la valeur et se met en valeur. Arrêtons de penser que notre bonheur dépend d’un homme. Mais construisons notre vie dans le dessein d’apporter  le bonheur dans la vie de l’Homme.

Pour finir, à un parent qui me lit actuellement, je vous demande d’investir dans l’éducation de votre fille en tenant compte du domaine qui la passionne, car elle reste une valeur sûre pour la relève de demain.

 

 

Focus Infos No 265