Depuis quelques jours, le secteur de l’éducation est mouvementé par des quiproquos entre les enseignants et le gouvernement. Ceci, au sujet de certaines primes. Un malentendu qui a débouché sur la détention de certains responsables du Syndicat des Enseignants du Togo (Set). Une nouvelle tournure vraisemblablement hypothéquant pour l’élan des réformes entreprises par le Togo.
Les enseignants à nouveau au front…
Depuis hier mardi, à l’appel du Syndicat des Enseignants du Togo (SET), les enseignants observent une grève de 72 heures sur toute l’étendue du territoire national. Cette cessation de travail, expliquent les responsables du SET, a lieu pour exiger la libération de leurs camarades en détention.
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Il s’agit notamment du rapporteur dudit syndicat, Essohanam BAHO, arrêté le samedi 16 janvier dernier à Kara et détenu, selon les indiscrétions, à la gendarmerie antigang de la ville, et plus tard, du Secrétaire Général, N’Moagni GNONKPA,
« Nous venons, par ce communiqué, vous informer que notre camarade BAHO Essohanam, Rapporteur du Syndicat des Enseignants du Togo (SET) a été kidnappé la nuit du 16 au 17 janvier à son domicile à Kara par la gendarmerie antigang. Dans l’après-midi, le Secrétaire Général GNONKPA N’Moagni, à son tour, a vu sa maison saccagée devant sa femme et ses enfants, son véhicule, moto et d’autres biens emportés par les éléments de la gendarmerie », a notamment précisé le communiqué qui porte la signature du Secrétaire Général Adjoint, Semenyo Komi APEVI.
Pour les enseignants, «cet acte illégal, sans motif ni mandat contre les membres de son Bureau National viole les lois aussi bien nationales qu’internationales qui régissent le fonctionnement des regroupements syndicaux ». D’où justement, précisent-ils, cette cessation de travail de trois jours pour exiger l’arrêt des poursuites et la libération sans condition de leurs responsables. Une cessation «reconductible si rien n’est fait», a poursuivi le communiqué qui dit prendre à témoin, l’UNESCO, l’OIT, les organisations des droits de l’homme notamment la CNDH, l’Amnesty International, les organisations de la société civile et tous les diplomates accrédités au Togo des exactions en cours à l’égard des responsables du SET.
Dilatoire et méthode forte…
Comme l’on peut le constater, en lieu et place de franches discussions pour désamorcer la crise, le gouvernement, comme d’habitude, y va du dilatoire et de la méthode forte. Ceci, en brandissant, d’une part, l’hypothèse de la non existence légale de la SET, l’un des syndicats au front.
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Un argument qui pèse moins qu’un gramme de coton, en ce sens que la législation togolaise en matière de l’administration territoriale stipule qu’à défaut d’un récépissé, toute association peut mener ses activités sur la base de son numéro d’enregistrement dûment octroyé par le gouvernement. Donc clair que cet argument avancé n’est donc qu’un alibi pour se défaire d’un syndicat gênant que l’on pense jouer au trouble-fête. Un alibi encore plus léger quand on sait qu’il y a déjà plusieurs années que le ministère en charge de l’administration territoriale, pour des raisons qui lui sont propres, refuse d’attribuer des récépissés aux associations.
Non sans conséquence pour le Mcc
De toute évidence, au-delà des conséquences de ces débrayages faits de cessation de travail et de sit-in sur le parcours des apprenants, cette méthode force qui renforce davantage l’extrémisme des enseignants sont de nature à porter un coup dur à la poursuite des réformes dans le cadre du Millénium Challenge Corporation (Mcc). En effet, si la dernière carte des scores 2021 classe le Togo, 2ème meilleur réformateur africain, avec 15 indicateurs validés sur 20, le Togo devrait néanmoins faire davantage d’efforts pour valider les indicateurs comme santé des enfants, taux de vaccination, dépenses de santé, efficacité gouvernementale et droits politiques.
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Certes, les dépenses dans l’éducation primaire fait partie du Top 5 des indicateurs où le Togo excelle. Mais alors, en tentant de faire obstruction aux droits et libertés syndicaux, surtout en méconnaissance des principes élémentaires, renforçant par conséquent l’extrémisme des enseignants qui pataugent entre menace de grève et sit-in observé dans certains établissements depuis lundi pour exiger la libération de leurs camarades, le gouvernement ouvre, sans doute, un nouveau front dans le secteur de l’éducation. Ce qui porterait non seulement un coup aux efforts faits dans ce secteur, mais aussi risquerait de repousser, l’échéance de validation de l’indicateur «efficacité gouvernementale» et «droits politiques» qui riment avec droit à la liberté syndicales.
Pour amener les enseignants à reconnaître les efforts du gouvernement qui a déjà entamé, soulignons-le, la satisfaction des primes Covid, dans le secteur de la santé, point n’est besoin de procéder à l’arrestation des enseignants, qui plus est, responsables syndicaux.
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Au bas mot, cela exprime, la double face de Faure Gnassingbé et son régime qui annoncent des réformes sans pour autant prendre en compte, les sacrifices androgènes pour ce faire. Une approche diamétralement à l’opposé de la «gouvernance autrement» que chante sous tous les toits, le gouvernement Dogbe, sans être en mesure d’aller au-delà des slogans. Et au-delà du «blim-blim» apparent, c’est bien à cela que résume, en effet, les 100 jours de Victoire Tomegah-Dogbe à Primature. Bien dommage !
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