Homme égorgé à Bè : le mutisme ahurissant du procureur !

 

 

 

Un Procureur de la République doit-il avoir la liberté d’ouvrir une information judiciaire selon son bon vouloir, ou bien y est-il tenu ? Au tribunal de Première instance de première classe de Lomé, il y a un dossier qui risque d’être passé par pertes et profits si le ministre de la Justice ne secoue pas le cocotier : le meurtre du comptable Madzri Gagnon, égorgé en juillet 2019.

 

 

Il y avait trop d’éléments accablants, trop de légèretés et trop d’indices qui militent pour une enquête sérieuse pour retrouver les meurtriers de ce comptable égorgé comme un porc dans sa maison puis jeté dans le puits de la maison.

 

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Lorsque les citoyens sont victimes de pareils crimes crapuleux, il n’existe que la justice, à travers le procureur de la République près la ville où se sont produits les faits, pour faire diligenter une enquête et rétablir la vérité. Mais depuis la survenue de cet acte, aucune information n’a filtré à ce jour. Et tout se passe comme si aucun crime ne s’est jamais produit au quartier Bè. Ou, pire, comme si la justice laissait le choix aux citoyens de se faire justice dans de pareilles situations.

 

 

 

 

 

 

En rappel à ceux qui auraient oublié, Madzri Gagnon était père de quatre enfants et légalement marié à dame Kolagbé Amavi. Il avait aussi la nationalité française.

 

 

Dans notre parution n°2962 du 17  juillet 2019, nous écrivions : « Togo, Crime crapuleux au quartier Bè : Un expert-comptable assassiné sauvagement à son domicile ». « Selon des témoins de leur entourage, le couple se disputait souvent pour des raisons plus intimes. Au point où il serait arrivé à dame Kolagbé Amavi de demander le divorce et d’exiger une compensation que désormais feu Madjri Gagnon aurait refusée. La veille du meurtre, un vendredi nuit, une dispute aurait encore éclaté entre eux.

 

 

 

 

Et 24 heures plus tard, alors que l’homme dormait –le couple ferait chambres à part-, il aurait été attaqué par un groupe de personnes. Il se serait défendu –il est maître en arts martiaux 5è Dan-, mais le nombre des meurtriers aurait eu raison de lui. Sa gorge a été tranchée de parts en parts sous le menton, ne lui laissant aucune chance de survie. Sur les lieux du crime, des flaques de sang sont visibles dans le couloir et éparpillées dans la salle d’eau, signe de la barbarie ayant caractérisé l’acte. Les auteurs se seraient volatilisés dans la nature et la police serait à leur recherche… ».

 

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L’ubuesque dans ce plan d’assassinat était que le dimanche 14 juillet 2019, le corps du malheureux a été retrouvé…dans le puits de la maison.

 

 

Mais dans le droit de réponse que dame Kolagbé Amavi nous avait adressé, elle affirme que son mari s’était suicidé ! « L’article paru dans votre Journal appelle de ma part la réaction suivante: De prime abord, il est à relever que votre article parle de crime crapuleux, alors qu’il s’est agi d’un suicide. Votre article relate des faits erronés, des assertions et déclarations malveillantes de nature à causer un préjudice moral et matériel à ma personne et qui portent atteinte à mon honneur… ».

 

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Un homme égorgé en pleine nuit, du sang et des traces de pas dans la salle d’eau, puis le corps qui se retrouve par miracle au fond du puits de la maison. Et on parle de suicide. Quelle a été la part du ministère public dans cette affaire ? Y a-t-il eu ouverture d’information judiciaire ? Pourquoi depuis bientôt deux ans, plus rien n’est dit sur cette affaire ? Ou bien le droit de réponse de dame Kolagbé a-t-il suffi pour clore ce dossier ?

 

Le temps passe, mais l’âme de feu Madzri Gagnon crie justice. Dans un pays, lorsqu’il y a mort d’homme, c’est le rôle du juge ayant connaissance de l’affaire de démêler l’écheveau pour faire comprendre aux parents de la victime les raisons et circonstances du drame. Mais lorsque la justice, vitrine d’un Etat qui se dit démocratique et transparent, en vient à croiser les bras ou à fermer les yeux sur de pareils crimes, il arrive un temps où le citoyen n’aura plus confiance en elle. Il y avait trop d’indices, trop d’éléments pour que la justice togolaise, une fois encore, s’illustre d’une aussi piètre manière. Après tout, il s’est agi de la mort d’un homme quand même !

 

 

Lorsqu’il s’agit de faire interpeller des citoyens et les inculper pour des motifs politiques fallacieux, on observe une certaine célérité de la part des juges. Quand il faut délivrer des mandats de dépôt pour des futilités, des juges rivalisent en célérité pour être bien vus par l’exécutif. Mais face à un crime crapuleux, on se demande s’il faut rechercher le ministère public avec une lampe-tempête et l’obliger à faire ce pour quoi il est rétribué chaque fin de mois.

 

 

On se rappelle qu’à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), on nous avait répondu qu’il faudrait l’autorisation de la hiérarchie avant de se prononcer sur le dossier. Depuis, plus rien.

 

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TGWB