L’année 2020 restera toujours dans la mémoire du rappeur Doc Farel et ceci, à cause de son arrestation dans une affaire de cambriolage qui a fait beaucoup de bruit sur la toile. Dans une interview accordée à l’Agence de presse AfreePress, Doc Farel a décidé d’expliciter les circonstances dans lesquelles il s’est retrouvé mêler à cette l’affaire, sa garde-à-vue, sa situation après avoir recouvert la liberté et ses projets personnels.
Il dit avoir été victime d’attaques sans précédents sur les réseaux sociaux, ce qu’il déplore avec amertume. Il dit également avoir vu le défunt Omar B dans ses rêves alors qu’il était encore en garde-à-vue. Celui-ci est venu le réconforter et le soutenir dans ce malheur. Et enfin, il estime que la musique togolaise va très mal et ne fait pas vivre son homme.
Extrait…
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Bonjour Doc Farel. Vous êtes l’une des grandes voix de la musique rap au Togo. Comment vous portez-vous, vous et votre musique ?
Pour dire vrai, ma musique va mal. Parce que vis-à-vis du public et des organisateurs d’événements, tout va de mal en pis. La musique ne génère pas ce qu’un artiste peut prétendre gagner d’elle après avoir fait sortir sa musique. Mais au même moment, je peux également dire que ça va bien. Je travaille toujours. J’ai mon studio et je travaille sur des sons. J’ai des morceaux pas possibles et je suis toujours en forme. Donc le reste, on attend que les vraies portes s’ouvrent à nous. Et sûrement que tout ira bien parce que j’ai beaucoup de choses à prouver.
En décembre 2020, un évènement malheureux vous a sérieusement secoué. Je veux parler de votre arrestation dans une affaire de braquage. (…) Comment ça été, votre séjour derrière les barreaux ?
Derrière les barreaux, c’était très difficile. C’est une situation qui aurait pu gâter mon foyer. C’était très grave.
Quand j’étais là-bas, c’est ma famille qui venait me raconter les mensonges que les gens racontaient sur moi sur les réseaux sociaux. Moi-même, je me suis privé de téléphone pour ne pas tomber dans la dépression. J’étais serein et je priais pour que Dieu me donne beaucoup de courage et qu’il me sauve de cette situation.
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Je priais et surtout avec l’image de mon père spirituel et de mon feu frère Omar B. Quand j’étais en garde-à-vue, je voyais Omar B dans mes songes. Ces derniers me supportaient et ils me disaient que ça va aller. Je voyais (dans mon rêve) des enfants qui priaient et dérangeaient leurs parents pour le retour de Togbui (mon nom appelé par mes intimes). Ce sont des choses qui m’ont réconforté. Il y avait une force spirituelle autour de ma personne afin que le mal ne m’arrive pas. J’ai fait trois jours sans manger. Mais quand ma famille arrivait, je faisais comme si tout allait bien. C’était dans l’idée de ne pas les blesser davantage.
Doc Farel, qu’est-ce que vous regrettez le plus dans cette affaire ?
Si je dois regretter quelque chose dans cette affaire, cela porterait sur certaines de mes images que les gens ont partagées dans le seul but de salir mon nom et sans savoir ce qui s’est exactement passé.
Mais, après quand ils ont appris la vraie information, personne n’est plus revenir pour corriger le tir. Tout ce qui est sur Youtube et les autres réseaux sociaux, c’est resté et c’est pour l’éternité.
Peut-être après 20 ans ou 50 ans, les gens vont revenir sur ces images et dire que je suis un briguant. C’est ce qui me touche vraiment. Mais je confie tout à Dieu. Je suis aussi content qu’à travers cette situation, certains m’ont également remarqué en bien. Parce qu’en ce moment difficile, j’ai su que les gens m’observent et qu’ils savent que je suis une bonne personne. Je dois continuer à travailler ce côté.
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Tout juste après votre libération, vous avez sorti une chanson intitulée ‘’Lésinam’’. Parlez-nous un peu de ce morceau. A-t-il un lien avec ce que vous avez vécu?
Ce titre signifie : ‘’Dieu purifie moi, sanctifie-moi, lave moi’’. J’ai choisi ce titre pare ce que tous ceux qui m’ont sali, eux ne peuvent plus me laver. La preuve, ceux qui ont publié des choses nuisibles sur moi, ils ne sont plus revenus sur la toile pour rectifier leur tir et dire qu’ils sont en erreur. Donc j’ai jugé bon de me tourner vers Dieu et lui dire que lui seul peut le faire. Seul Dieu peut me laver. C’est pourquoi j’invoque la puissance divine pour qu’il me soutienne enfin que je ne tombe pas dans la dépression.
Quels sont vos futurs projets ?
J’ai des albums (presque 03) que je ne sors toujours pas. Nous sommes délaissés et abandonnés, soi-disant qu’on est des anciens alors qu’il y a des Koffi Olomidé, des Tiken Jah Fakoli qui sont toujours sur scène. Mais nous au Togo, jamais on nous donne cette chance.
C’est un peu compliqué. On a également du mal à évoluer parce qu’on nous accuse de chanter trop dans notre langue le ‘’Mina’’, alors que les Koffi Olomidé, les Faly Ipupa, les Sarkodiè chantent toujours dans leurs langues et c’est des artistes de renoms sur le continent.
Mais le Togolais quand il chante dans sa langue, on pense que ce n’est pas international. Et aussi, le Coronavirus nous ronge. Mais ce n’est pas grave, on doit revoir notre copie et changer tout le système. Reformuler nos phrases, ne plus dire non-violence, mais dire directement la paix.
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Les deux veulent dire la même chose, mais nous n’allons plus utiliser les mots qui font mal. Si tout va bien, nous allons faire des podiums dans les coins et recoins du pays, pour offrir des concerts gratuits aux populations.
Un mot sur la musique togolaise dans son ensemble ?
La musique togolaise selon moi, ne va pas bien. Quand on voit le côté show-biz de la chose, comment l’artiste togolais est traité et comment ceux de l’extérieur sont traités quand ils viennent chez nous, c’est le jour et la nuit. La musique togolaise va très-très mal.
Quelles sont vos relations avec la jeune génération qui fait bouger le Showbiz togolais ?
Franchement, je suis bien avec les jeunes comme avec les anciens. Je les respecte bien et je les félicite. Seulement que je ne me mêle pas trop des discussions sur la toile et je ne rentre pas dans des débats inutiles, des débats des orgueilleux. Si je constate ces choses, je me retire.
Nous sommes en crise sanitaire liée à la Covid-19. Comment arrivez-vous à joindre les deux bouts en tant qu’artiste ?
Oui cette crise fait vraiment mal. Mais en ce moment où l’économie est à terre, moi, je m’oblige à soutenir mes proches. J’ai fait des dons de vivres, j’ai offert des kits de fournitures aux élèves. C’était des actions personnelles pour aider les autres. J’arrive à joindre les deux bouts, pas parce que je suis un grand quelqu’un, mais c’est parce que je fais mes projets selon mes moyens. Ce que j’ai, je fais tout pour satisfaire tous ceux qui sont autour de moi. Et je tourne tellement de gauche à droite pour gagner mon pain quotidien. Je n’attends pas tout de la musique. Car la musique ne m’a rien donné. Depuis que je suis dans la musique, mon plus grand contrat, c’est un contrat de 150.000 F CFA. Donc c’est un peu compliqué de rester sur place et attendre tout de la musique. Mais j’ai foi, je continue de bosser dans la musique et ça va donner.
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Pour finir, parlez-nous de votre vie personnelle. Etes-vous marié… avez-vous des enfants ?
Je ne suis pas marié, mais je suis en couple. J’ai une fille qui vit avec sa mère en Europe.
Nous tous, nous devons être des vecteurs de développement. Nous devons être des vecteurs de soutien pour les uns et les autres. Nous ne devons-nous soutenir et nous aimer.
TGWB