Port de Lomé : voici comment l’OTR rouble les Togolais

 

L’opération de charme du gouvernement togolais a permis de vanter la semaine dernière les prouesses de l’Office  Togolais des Recettes qui a mobilisé plus de 600 milliards de FCFA pour l’année 2020, dépassant ainsi les attentes. Le Port autonome de Lomé au même moment, selon le contre-amiral Adegnon, a enregistré une performance de 69% de croissance de ses activités et vient de lancer le paiement en ligne pour fluidifier les transactions d’enlèvement et de chargement des conteneurs, une innovation qui s’ajoute ainsi au guichet unique. Des nouvelles qui n’apportent aucun sourire aux lèvres de la grande majorité des Togolais et certains opérateurs économiques comme les vendeurs et acheteurs de voitures d’occasions qui moisissent face aux charges douanières draconiennes du Port de Lomé, durant cette crise de covid19.

Beaucoup sont restés sur leurs soifs après les récentes sorties de l’OTR et la visite du Directeur de SEGUCE, agence de paiement au port dirigée par des étrangers, chez le Premier ministre Mme Victoire Tomégah-Dogbe appelée à la rescousse par les vendeurs de véhicules d’occasions dans leur calvaire.

 

 

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Nombreux sont ces opérateurs économiques et transitaires du port autonome de Lomé qui dénoncent le bradage du commerce des voitures orchestré par ces multiples agences dont la plus coriace est COTEC, une autre agence d’expatriés d’Europe, celle qui donne la valeur financière de chaque véhicule importé. Pour un véhicule usagé accidenté acheté à 1 million de Fcfa ou moins en Europe ou en Amérique du Nord, l’agence en charge peut lui donner une valeur avoisinant 2,7 millions FCFA et la douane à payer finalement peut revenir à 1,7 millions ou plus. À cela s’ajoutent presque une vingtaine de frais et d’honoraires du transitaire, sans compter les frais de réparation du véhicule usager pour le remettre en état, les frais d’importations et d’achats. Au finish, la valeur surestimée et irréaliste imposée par l’agence en charge que rebutent et récusent bon nombre de Togolais, crée une chaîne de calvaires ayant pour dessein d’augmenter les prix de ventes des véhicules d’occasions qui deviennent inabordables et finissent par être abandonnés ou saisis, au profit de l’OTR pour les ventes aux enchères.

 

Cette faillite programmée des opérateurs économiques par le Port Autonome de Lomé, l’OTR et leurs agences affidées d’expatriés, par avidité de renflouer les caisses de l’état comme mission, est néfaste et paradoxale à l’objectif d’amélioration des conditions de vies des Togolais, et contraire aux Objectifs du Développement Durable sur la réduction de la pauvreté, et contraire aux objectifs du Programme National de Développement sur la croissance inclusive.

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D’aucuns estiment que l’efficacité de l’OTR doit rimer avec le succès des Togolais dans les affaires et non remplir les caisses de l’Etat en faisant la part belle des entreprises d’expatriés et des commerçants étrangers. Pour certains, le commerce des voitures profite plus aux Libanais, aux entreprises locales du formel ayant plus de moyens, aux étrangers de la sous-région qui disposent de plus de liquidités et d’autres marchés dans un pays où les Togolais moisissent majoritairement dans l’informel pour manque de gros moyens et la misère ambiante. Des gens estiment que l’OTR pourrait toujours atteindre ses objectifs de mobilisation des fonds pour l’État en réduisant les frais de douanes aux Togolais comme mesure d’urgence pour renouveler le parc automobile, stimuler le business des PME- PMI qui peuvent faire de belles affaires avec la capacité d’augmenter leurs flottes de véhicules ou de s’offrir juste un véhicule comme équipement.

 

 

Aussi, l’OTR peut gagner sur la quantité et se réjouir du succès des opérateurs économiques et la satisfaction des contribuables qui ont besoin de moyens de transports décents et abordables. Une chose est certaine, les réductions et abattements que l’OTR fait habituellement sont de la roublardise du fait que les valeurs des voitures sont en amont trois fois surestimées par une agence désavouée. Les frais de douanes sur les véhicules d’occasion n’ont rien connu comme mesures supplémentaires d’allègement durant la crise du Covid-19 accentuée par la fermeture pendant un an de la Frontière entre le Nigeria et le Bénin et par la suite Aflao et Cinkasse d’où venaient les acheteurs potentiels étrangers. Le business des véhicules d’occasions est et reste asphyxié à ce jour, mais jusqu’à quand l’OTR et les gouvernants resteront insensibles aux cris de détresse de ce secteur de l’économie ?

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Rappelons que plus de 600 véhicules étaient vendus cette année comme abandons  aux larmes des pauvres propriétaires commerçants au moment où l’OTR se réjouit de 600 milliards de FCFA de recettes.

 

 

Charles D.

Avec icilome.com