La pandémie de coronavirus qui est étendue au Togo en mars passé, a poussé le gouvernement a décrété un état d’urgence le 1 avril dernier. Comme conséquence, l’instauration du couvre-feu, la fermeture des frontières et de certains commerces. Ce fut un auto-confinement non-dit. Et la situation sociale se dégrade de jour en jour. Il ne reste qu’un hypothétique espoir, celui de faire fortune en misant aux jeux de hasard !
Une partie de la population togolaise s’est tournée vers les jeux de hasard pour espérer faire fortune là où leur abnégation au travail a échoué. Koffi Jean, agent de fonction, témoigne : « malgré mon statut, je jongle avec le zemidjan, à mes heures perdues ou à la sortie du
boulot.
Mais avec la suspension des activités des Zems, le supplément de mes revenus a été supprimé. Même si l’activité n’avait pas été suspendue, j’aurais quand même cessé cette activité qui favorise la transmission du coronavirus, puisqu’elle ne permet pas d’observer la distanciation sociale d’un mètre. Je me tourne du coup vers la loterie. Et avec un peu de chance, je peux gagner au-delà de mes attentes, pourquoi pas faire fortune ? ». Face à ses problèmes existentiels exacerbés par les mesures de gestion de la Covid-19, Jean Gbati, serveur dans l’un des bars au carrefour Limousine, avoue considérer désormais la loterie comme sa bouée de sauvetage. A l’instar de ces 2
exemples, de nombreux Togolais ont jeté leur dévolu sur les jeux de hasard promus par la Loterie Nationale Togolaise (LONATO) ; avec des fortunes diverses.
Les attroupements jusqu’au mois de mars 2020, des parieurs gagnants en rangs d’oignons devant le siège de la « Maison de la Chance », au mépris des mesures de distanciation sociale ont révélé l’indifférence de ces Togolais prêts à risquer leurs vies, avec l’espoir de gagner quelques millions FCFA ou centaines de mille, rien qu’en misant sur les bons numéros, la combinaison gagnante. Les variantes de jeux sont multiples : 2 NAP, 3 NAP, 5 NAP, la vedette, etc ; à chacun son pari.
« Parfois ça marche, parfois non ! Comme leurs noms l’indiquent, ce sont des jeux de hasard. Gagner ou ne pas gagner, est une question de chance. C’est pourquoi nous jouons, avec l’espoir de nous faire des millions en cette période où rien ne marche », confie Koffigan, la soixantaine, un agent retraité de la CEET.
Selon des témoignages concordants, le mois de mars dernier s’est révélé particulièrement bénéfique pour les parieurs, qui ont été nombreux à réaliser des gains. Et Koffigan s’en est aussi tiré à bon
compte avec 1 million FCFA pour 1000 FCFA misés. « Ceci justifie les attroupements observés surtout en mars devant le siège de la LONATO et qui ont suscité des commentaires peu honorables pour cette institution en cette période de Covid-19 », nous explique l’heureux gagnant.
Mais depuis lors, des dispositions ont été prises, informe une source proche de la LONATO, pour que les paris ne se prennent plus au siège et que les mesures de distanciation sociale et autres gestes barrières soient scrupuleusement observés lors des paiements.
L’institution laisse complètement la main à ses « partenaires », les clients spéciaux, pour prendre les paris. Ces clients spéciaux, ce sont ceux qui reçoivent l’agrément auprès de la LONATO pour la prise des paris.
Dans le même élan de respect des gestes barrières, l’institution suspend l’émission des bons manuels. Et si dans le Grand Lomé, l’effet de la suspension des bons manuels est peu ressenti avec la prolifération des centres de prise de paris sur ordinateur, la situation est totalement contrastée surtout à l’intérieur où les bons manuels l’emportent largement.
Le désarroi des « addicted »
Dans les zones enclavées où le quotidien est rythmé par la prise des paris, le désarroi est total. Dans ces milieux où retraités, personnes âgées, jeunes gens passent des journées entières à rechercher les
combinaisons gagnantes suivant des méthodes dont eux seuls détiennent le secret, les gens ne savent plus où donner de la tête.
Selon les informations, parieurs et clients spéciaux déplorent, les uns la suspension de leur business due à la suspension des coupons manuels et les autres, la perte de l’opportunité de faire des gains en misant.
Ils voient leur espoir de devenir millionnaires, milliardaires ou tout simplement de vivre dignement, partir en fumée, du moins en cette période. Avoir la possibilité de miser au jeu ou de parier, peut aussi relever d’une sacrée chance.
Et ne pas pouvoir miser au jeu, c’est tout simplement un scénario catastrophe pour eux car ils en sont devenus accros et conçoivent difficilement leur survie au-delà des jeux de hasard, surtout dans le contexte particulier actuel.
Focus