Le terrorisme menace le nord du Togo. Seulement, les recettes du chef de l’Etat Faure Gnassingbé pour endiguer le fléau dans le pays sont en déphasage avec la réalité.
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« Au moment d’évoquer notre avenir commun en tirant tous les enseignements des événements des mois écoulés et en ébauchant les perspectives pour aborder l’année 2022 avec encore plus d’ambition, nous avons de bonnes raisons de nous placer sous le signe de la confiance.
En effet, dans un contexte mondial marqué par de nombreuses incertitudes et dans un environnement régional troublé par la menace persistante du terrorisme et de l’extrémisme violent, notre pays a su préserver la sécurité et la stabilité qui sont le gage de la poursuite paisible de nos efforts de développement. Nous devons insister sur la nécessité d’une claire conscience des enjeux de la paix et de la sécurité pour chacun d’entre nous, car le péril se fait toujours plus pressant ».
C’est en substance ce qu’affirmait Faure Gnassingbé dans son allocution le 30 décembre 2021. Comme on a pu le constater, la question sécuritaire y a occupé une place enviée.
« Le mois dernier, le terrorisme a pris notre pays pour cible, et c’est grâce à Dieu, à leur bonne préparation et leur vigilance que nos forces armées ont repoussé à Sanloaga dans la préfecture de Kpendjal, une agression qui visait à répandre la mort et la désolation au sein de nos paisibles populations », s’est applaudi le Président togolais qui n’a pas manqué de saluer « la détermination et l’engagement des forces de défense et de sécurité ».
Faure Gnassingbé veut crever l’abcès terroriste pour de vrai. Il est prêt à tout pour détruire l’hydre : « Les investissements nécessaires au renforcement du dispositif sécuritaire et des capacités opérationnelles des forces de défense et de sécurité seront poursuivis et même accélérés dans le cadre de la loi de programmation militaire », assure-t-il.
Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil au budget de loi de finances pour l’exercice 2022 pour comprendre l’engagement du fils de Gnassingbé Eyadema dans cette « guerre asymétrique et sournoise », pour reprendre ses propres termes. Dans la projection budgétaire revue et augmentée le 28 décembre 2021 par les députés et qui est estimée à un peu plus de 1779 milliards de FCFA, quelque 124,5 milliards FCFA a été réservée au secteur de la défense et de la sécurité, aux fins, apprend-on, de poursuivre les investissements devant permettre de renforcer le dispositif sécuritaire et les capacités de l’armée.
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Mais l’exécutif a-t-il raison de crier autant au loup, de s’alarmer à outrance comme c’est le cas ? A-t-il de bons arguments devant justifier cette menace terroriste qui est à nos portes certes, mais qui est loin d’être ce qui préoccupe au premier chef les Togolais ? Pour pertinents qu’ils soient, ces diagnostics pour lutter contre le terrorisme n’en restent pas moins en déphasage avec la réalité que vivent les Togolais toujours en butte à la précarité, à la cherté de la vie et au mal-être.
Les Togolais ont besoin avant tout de se nourrir, de vivre sans craindre de passer leur vie en prison pour leur opinion, toute chose qui crée l’extrémisme violent. Si tant est que Faure lui-même reconnaisse l’importance « de la mise en œuvre d’actions prioritaires de développement qui mettent l’accent sur la réduction des disparités et l’accès aux services sociaux de base pour nos compatriotes les plus exposés, les plus vulnérables », il doit a fortiori miser plus sur le volet social que sur la programmation militaire dont les fonds viennent creuser encore davantage un déficit financier devant servir les secteurs sociaux.
Lutter contre le terrorisme dans un pays où plus d’un est à l’étroit ne fera que renforcer les inégalités et faire le lit du même terrorisme.
Avec Le Correcteur