Carlos Lopes, la curiosité…L’échec programmé du PND?

Architecte principal du Plan national de développement (PND), le Bissau guinéen Carlos Lopes a réussi à se faire une place de choix dans la haute sphère de l’Etat togolais. En effet, depuis son départ du secrétariat exécutif de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (CEA), l’économiste « monnaye » ses projets et conseils au régime togolais. Selon certaines confidences, du Conseiller économique, il est même devenu l’une des voix les plus écoutées avec attention par le Chef de l’Etat. Des voyages officiels aux séminaires gouvernementaux, le biseau guinéen est partout. A tel point que certains observateurs se posent des questions sur  le rôle de plus en plus obscur joué par cet homme auprès du régime de Faure Gnassingbé.

 

Il fait partie de ceux qu’on qualifiera de nouveaux apparats de référence internationale que le Chef de l’Etat togolais colmate depuis quelques années autour de lui dans l’optique évidemment qu’ils réalisent le miracle pour le Togo. Au-delà du bissau guinéen, Tony Blair, Dominique Strauss-Khan, Lionel Zinsou, pour ne citer que ces noms, ont régulièrement séjourné au Togo. Si certaines de ces personnalités étaient consultées par Faure Gnassingbé pour aider à élaborer son Plan national de développement (PND) 2018-2022, elles sont devenues rapidement des hôtes réguliers de  la présidence.  Selon des sources bien introduites, plus que  des conseillers, certains de ces noms sont devenus incontournables dans l’entourage du Chef de l’Etat togolais.  C’est dans ce registre que se trouve l’ex patron de la Cea.

 

Carlos Lopes, la curiosité…

L’histoire de Carlos Lopes avec le Togo commence véritablement en 2016. En effet, en octobre 2016, alors qu’il était sur le départ du secrétariat exécutif de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (CEA) le sieur Lopes a effectué une visite au Togo. Visite au cours de laquelle, il a rencontré les responsables des institutions du Système des Nations Unies basées dans le pays. Son séjour lui a surtout permis d’échanger avec Faure Gnassingbé alors en quête d’un homme assez connu et respecté pour porter non seulement le PND auprès des institutions de Bretton Woods  mais aussi dans les milieux des affaires où le Togo est encore méconnu. Aucune déclaration n’a été faite au sortir de cette entrevue. Une curiosité, isolée. De cette rencontre, Carlos Lopes va devenir un incontournable dans l’entourage du fils d’Eyadema.

 

 

En effet, quelques semaines auparavant, l’économiste a annoncé son départ de la CEA après 4 ans passés à la tête du think thank affirmant qu’il préfère se retirer et garder sa liberté de parole. Mais il rebondira rapidement au Togo. Un pays dans lequel la liberté de parole n’est pas la chose la mieux partagée. Nous y reviendrons. En tout cas, il est  difficile de dire qu’il avait pris ses précautions pour s’assurer un point de chute avant son départ de la CEA. Tout compte fait, Faure Gnassingbé lui confiera plus tard les clés de la politique du développement du Togo.

 

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Et très rapidement, le sieur va prendre les choses en main pour l’élaboration et la vulgarisation du PND. Désormais, l’enseignant est pratiquement de tous les voyages officiels du Chef de l’Etat. A titre d’exemple, en 2018, au sommet de Pékin sur la coopération sino-africaine, l’économiste n’a pas manqué une seule occasion pour vendre les qualités du PND.

 

 

 

On apprendra, de la bouche du Président de la République que Carlos Lopes est le Chief PND Officer.  En clair, toutes les questions relatives à ce PND ne pourront se régler sans lui. Il est à l’origine des théories élaborées dans ce document dont certains de ses pairs n’ont pas hésité à critiquer la pertinence.  Le bissau-guinéen a désormais la possibilité de mettre en pratique au Togo, les recettes économiques qu’il a plaidées à son ancien poste mais sans échos favorable.

 

 

 

L’échec programmé du PND

Selon certains experts, malgré ses bonnes intentions, le PND vendu aux investisseurs par Carlos Lopes aura du mal à connaître un succès. Et l’un des facteurs pointés du doigt est l’endettement du pays. Quand on prend par exemple un pays comme la Guinée qui a atteint le Point d’achèvement des Pays pauvres très endettés (PPTE) en décembre 2000, sa dette publique aujourd’hui, est de 38%. Mais le Togo qui a eu son PPTE 10 ans plus tard, soit en 2010, a une dette publique qui s’élève aujourd’hui à 68,6% revu à 51,8 avec le dernier exercice de rebasage du PIB. C’est dire que le pays de Faure Gnassingbé s’endette énormément. Cet endettement ne peut favoriser la réussite de ce plan, a diagnostiqué un analyste.

Si le gouvernement s’est appuyé sur l’apparente stabilité politique du pays pour la réalisation de ce plan, pour certains politiques, c’est une « stabilité trompe l’œil ». « Elle est non inclusive, car elle n’est pas construite par la volonté et la participation effective des citoyens. C’est une stabilité précaire qui ne procure pas la paix et ne stimule pas le développement », a souligné Nathaniel Olympio du Parti des Togolais.

 

 

 

Par conséquent, le PND ne peut pas connaitre un meilleur sort que les autres programmes tambourinés par le gouvernement et qui se sont soldés par des échecs cuisants. Ainsi, le PND porte en lui les germes de son échec programmé. Même de meilleurs programmes dans le même environnement et les mêmes esprits ne feront point de miracles. Déjà que le PND n’a pas prévu de scenarii pessimistes comme l’a très tôt souligné entre autre le Pr Kako Nubukpo.

 

 

 

 

Liberté de parole a-t-on dit

Le sieur Lopes prend désormais place à côté du Chef de l’Etat lors des séminaires gouvernementaux comme celui organisé dernièrement à la présidence, en début de semaine, pour « présenter de manière détaillée aux ministres, la feuille de route stratégique pour les cinq prochaines années ».

 

 

 

Mais à bien scruter, le bissau-guinéen ne semble point avoir la liberté de parole qu’il disait chercher à son départ du secrétariat de la CEA. Et l’homme semble avoir revu sa position. En effet, dans une interview accordée  au confrère Jeune Afrique en juin 2019, il a indiqué  que les africains peuvent faire avec l’autoritarisme. « On peut tolérer un peu d’autoritarisme », avait-il déclaré. Une déclaration qui rompt avec la liberté d’expression qu’il défendait hier. Peut-être l’homme parle selon la situation dans laquelle il se trouve. Une observation à suivre de près.

 

 

Source : FRATERNITE