Ils sont des milliers de togolais à suivre des directs de certaines personnes communément appelées « influenceurs » sur le réseau social Facebook. Ces influenceurs, en quête du buzz, ne semblent pas avoir de limites. Insultes, langage vulgaire, mensonges, etc… ils sont prêts à tout pour attirer le plus de monde. Et cela semble marcher. Le comble est qu’ils mettent toujours devant, leurs relations privilégiées avec les autorités. Une particularité togolaise.
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Ces derniers jours, une vidéo de l’artiste Papson Moutité défraie la chronique. Dans cette vidéo tournée en direct sur Facebook, l’ancien artiste devenu aujourd’hui responsable d’une association a livré des anecdotes croustillantes sur certains de ses ex-collègues, ses démêlés avec la justice dans une affaire de viol et pour finir il s’en est pris à certains journalistes. Le tout, dans un langage vulgaire avec des insultes et des insinuations. Vue par plus 10 000 internautes, la vidéo est rapidement, malgré son caractère vulgaire, devenue virale sur les réseaux sociaux.
Il faut dire que ce n’est pas la première fois que des vidéos du genre attirent autant de monde. Avant Papson Moutité, Aristo le Blédard (récemment condamné à payer deux millions de FCFA à la suite d’une plainte pour injure publique et diffamation) considéré comme l’influenceur togolais le plus connu sur la toile rassemble plus d’un millier de togolais, à longueur de journée, à chacun de ses directs dans lesquels il ne se fixe aucune limite dans la vulgarité.
La popularité de ces vidéos non recommandables commence par faire réagir une autre frange de la population qui considère que « ce sont ces Togolais qui contribuent à l’émergence de ces influenceurs qui piétine la morale ». « A vendre : un lot de jeune désœuvrés et désorientés sans aucune valeur morale de nationalité togolaise », a posté sur son compte Facebook, hier lundi, le célèbre réalisateur Steven AF. « C’est le cas de ceux qui font leur visibilité qui me préoccupe mais dans une moindre mesure. Si tout flatteur vit au dépens de celui qui l’écoute, cette bande existe et semble insister dans la «bêtise» parce que les gens les suivent », a commenté un internaute.
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Mais dans un pays où la jeunesse, dont la majeure partie bien qu’ayant des diplômes sont au chômage, est abandonnée, ces vidéos ne semblent-elles pas des moyens d’évasion malgré leur caractère vulgaire ?
Il est vrai que ces scènes de hi à ha qu’on qualifie de clash sur les réseaux sociaux sont devenues légion dans beaucoup de pays. Mais le hic dans le cas togolais est que ces individus très souvent sans aucune référence morale citent allègrement et à profusion leurs relations privilégiées avec des autorités du haut sommet de l’Etat. Ce sont ces scènes et propos des plus vils qui ont été encore servis le weekend dernier par Gogoligo et Papson Moutité aux abonnés des réseaux sociaux.
Il se souvient que le premier a aligné tellement de tollé d’indignation tant ses vidéos et sorties juste dans l’objectif de se garantir ces subsides auprès du pouvoir, sont des plus guéguerres. Le dernier triste en date est celle servie contre le prélat Kpodzro. Le second, lui vient d’être remis en liberté dite provisoire et ce à la grande surprise de tous après avoir été incarcéré pour une affaire de viol, abus sexuels, coups et blessures. Voilà ceux qui exhibent sans limite leurs relations privilégiées avec Faure Gnassingbé, Victoire Dogbé, Ingrid Awadé, Col Signa et autres.
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Une jeunesse abandonnée, précarisée et bernée
En effet, malgré quelques efforts indéniables, la situation des jeunes au Togo demeure extrêmement préoccupante. Outre un chômage de masse qui touche environ 6,8% (chiffre datant de 2018) de la jeunesse active du pays, la précarité professionnelle est aujourd’hui le vécu quotidien de la plupart des moins 35 ans. À cette précarité s’ajoute, comme un effet secondaire incontournable, une addiction aux drogues. Aussi, n’est-il plus rare de voir aujourd’hui des jeunes s’attrouper dans les quartiers populeux autour du Ludo et autres jeux de sociétés.
Une jeunesse désœuvrée dont profitent allégrement les politiciens au moment des campagnes électorales et autres manifestations contre des miettes. Alors, comment reprocher à ces jeunes en manque d’accompagnement de s’abonner aux comptes Facebook et autres réseaux sociaux de ces influenceurs qui rivalisent dans la futilité ? Le meilleur moyen de les éloigner de ces mauvais exemples ne serait-il pas de penser à une vraie politique en faveur de la jeunesse. Ne serait-ce que pour leur donner l’envie de s’accrocher pour un avenir meilleur ?
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