« Le pouvoir est comme la tête de Méduse : celui qui en a vu la figure ne peut plus en détourner son regard, reste fasciné et charmé. Celui qui, une fois, a goûté à l’ivresse de la domination et du commandement ne peut plus s’en passer » (Stefan Zweig)
Georges Clemenceau, homme politique français disait que «les dictatures sont comme le supplice du pal, elles commencent bien mais elles finissent mal». En Afrique, beaucoup de dirigeants confirment cette prédiction.
Le pouvoir est si grisant que dès qu’ils le touchent, ils deviennent si accros qu’ils ne comptent plus décrocher, quitte à mourir d’overdose.
Sebastian Dieguez, neuropsychologue à l’École polytechnique fédérale de Lausanne en Suisse, se référant au livre de David Owen « In Sickness and in Power » (Dans la maladie et le pouvoir), dissèque le syndrome d’hubris ou la maladie du pouvoir, caractérisé, selon lui, par la perte du sens des réalités, l’intolérance à la contradiction, les actions à l’emporte-pièce, l’obsession de sa propre image et des abus de pouvoir.
Les symptômes de cette maladie mentale développés particulièrement par les dictateurs, surtout africains. Même si au départ, David Owen s’était lancé dans une analyse dévastatrice des gouvernements de Tony Blair et George W. Bush, montrant comment l’un et l’autre, après les attentats du 11 septembre 2001 et dans le contexte de la guerre en Irak, ont progressivement développé les signes du syndrome d’hubris. Tous deux sont allés jusqu’à mentir délibérément à leur peuple et au monde entier à plusieurs reprises.
Selon D. Owen, les chefs d’État tiennent entre leurs mains le destin des peuples et, de ce fait, leurs décisions doivent se fonder sur un sens du jugement solide et réaliste.
Précisément, certains dirigeants du fait qu’ils détiennent le pouvoir, seraient victimes d’une nouvelle entité clinique. Une maladie nommée syndrome d’hubris.
David Owen suggère que l’expérience du pouvoir peut déclencher de graves troubles du comportement et perturber la capacité à prendre des décisions rationnelles. Il semble que le succès initial monte à la tête de l’élu, et qu’il soit associé à des actes de bravoure ou à des prises de risque considérables.
« Dès lors s’installe un sentiment d’invulnérabilité et d’infaillibilité. La situation se dégrade quand le leader se met à saper l’autorité d’institutions normalement autonomes, afin d’exercer un contrôle plus direct et plus étendu.
Cette attitude le conduit souvent à démoraliser son entourage, ou à monter ses proches les uns contre les autres. Le leader hubristique écarte ceux qui l’ont déçu ou qui lui semblent menaçants ; la peur et la paranoïa règnent vite au sein du gouvernement », précise-t-il.
Le leader hubristique, ajoute D. Owen, persiste dans des choix critiquables, n’écoute pas son entourage -et encore moins ses opposants-, et refuse toute contradiction ou compromis.
Ils ne ressent pas la nécessité d’écouter -il s’enorgueillit même de ne jamais prendre conseil-, ne cache pas son mépris pour l’opinion d’autrui et ignore les leçons de l’histoire.
Le reste des caractéristiques du syndrome d’hubris se confond avec le trouble de la personnalité narcissique. « Le leader hubristique est imbu de lui-même à l’extrême.
Il est obsédé par l’apparence, aime se montrer et contrôler son image, cherche à donner l’illusion qu’il agit sans se préoccuper d’être réellement utile », écrit David Owen.
Pour reprendre Tierno Monenembo, «nos chefs d’État sont comme vous et moi, pudiques et respectables en apparence, mais lubriques et incontrôlables dans le fond. Ils perdent la tête, ils jettent le cache-sexe dès qu’apparaissent les formes généreuses du pouvoir». Quid de Faure Gnassingbé ?
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